La forêt noire du Père Noël

Une petite route de bois, en terre battue, sillonnée d’ornières profondes au printemps et à l’automne et bordée d’une dense forêt d’épinettes.

Une petite route de bois, en terre battue, sillonnée d’ornières profondes au printemps et à l’automne et bordée d’une dense forêt d’épinettes.

Pour souligner ce jour de Noël, je voudrais partager un souvenir qui m’est revenu récemment, en cette période de préparatifs des Fêtes. Quand j’étais petit gars, l’époque était encore radiophonique. On préférait de beaucoup la neige du dehors à celle qui sévissait plus souvent qu’autrement à la télévision noir et blanc. On rentrait les pieds gelés, le nez qui coule et les poignets rouges à cause de nos mitaines trop courtes, mais mosus qu’on aimait ça jouer dehors à cette époque. Mais revenons à ce souvenir mémorable de mon enfance. Cette année-là, le soir aux alentours de l’heure du souper, à la radio de CHRC New-Carlisle, il y avait une série qui suivait le Père Noël et décrivait son périple pour arriver jusqu’aux demeures de tous les enfants du  monde. Surtout, bien sûr, pour venir chez-moi et chez mes amis du voisinage. Le conte faisait toujours passer le pauvre Père Noël par des endroits dangereux, dans des forêts profondes où les loups hurlaient, où se cachaient des dangers épouvantables, où il faisait presque toujours tempête et où, pire encore, il faisait nuit à longueur de jour. Et moi, j’avais une peur bleu pour le Père Noël, au point de ne jamais être sûr si je voulais entendre la suite. Mais c’était plus fort que moi et je me collais assidûment l’oreille au haut-parleur du meuble combiné radio-tourne-disques et tremblais pour mon héros qui s’en tirait toujours en début d’épisode pour finir par frôler la catastrophe alors qu’on nous donnait rendez-vous au lendemain pour la suite. Pour moi, cette forêt noire, c’était pas très loin de chez-moi. C’était une route de raccourci, une charcotte  comme on disait, pour éviter de faire le tour de la pointe de Sandy-Beach et de Haldimand par la route provinciale. Le raccourci pour sa part, c’était une petite route de bois, en terre battue, sillonnée d’ornières profondes au printemps et à l’automne et bordée d’une dense forêt d’épinettes. Chaque fois que mon père empruntait cette route, je ressentais toujours un sentiment d’insécurité mais c’était mon champion de père au volant alors, on est inquiet mais on se soigne. Aujourd’hui, l’endroit n’a plus rien pour apeurer les petits Gaspésiens des alentours. La charcotte est devenue un boulevard en partie à quatre voies et va du centre hospitalier à l’aéroport. Et si les contes radiophoniques existaient toujours, où est-ce qu’ils la situeraient, eux, la forêt noire du Père Noël?Decorouge

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6 Responses to La forêt noire du Père Noël

  1. Marie Tanguay says:

    Moi aussi, j’ai écouté sur la chaîne de Radio-Canada le compte-rendu du périple qu’entreprenait le Père Noël. Il partait du pôle nord et voyageait dans le ciel avec sa cariole pleine de cadeaux , tirée par ses rennes. Il allait de maison en maison au son des clochettes dont l’attelage des rennes était muni. L’oreille collée au poste de radio mon imagination galopait en entendant le vent qui soufflait et les commentaires de celui qui nous rapportait tous les détails de ce voyage imaginaire. Cela a alimenté mes rêves et j’en garde un précieux souvenir.

    Aucun film n’aurait rendu plus intense ce que j’imaginais; j’interprétais avec mes émotions et vivais ce voyage avec ce merveilleux personnage

    • Yvan says:

      Merci Marie pour ce commentaire rempli d’émotions. Nos souvenirs se voisinent et se complètent.

  2. bernard genest says:

    Très intéressant témoignage d’un souvenir encore très prégnant dans la mémoire de ceux qui ont connu cette époque où la radio alimentait l’imaginaire des enfants comme des adultes. On apprécie la couleur locale apportée par cette référence au raccourci de la « charcotte » qui particularise le témoignage et le rend si attachant! Chapeau!

    • Yvan says:

      Je te remercie pour le commentaire, Bernard. Je suis bien content que ma petite histoire t’ait plu.

  3. Sylvie Brunelle says:

    Cher Yvan,

    J’aime les histoires et j’aime Noël, alors ton souvenir m’a ravie! Cela m’a rappelé les histoires de Père Noël que l’on raconte aux enfants et une foule de souvenirs bien doux me sont revenus en pensant à mes filles et Noël! Merci à toi,
    Sylvie
    xx

    • Yvan says:

      Merci de ta visite chère Sylvie; c’est sûr que j’ai encore quelques histoires à raconter et j’espère qu’elles te plairont aussi. Au plaisir

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