En ce 6 avril 2016…

elle aurait eu 85 ans

Les merises souriaient

Les merises souriaient

Au début de février 2016, dans ce qui restait d’un jardin autrefois magnifique, des merises souriaient malgré le froid à cause du beau soleil hivernal.
Ce jardin était situé à Douglastown, village aujourd’hui partie de la ville de Gaspé. La jardinière, une dame au coeur d’or et aux mains habiles, se plaisait à fleurir chaque partie d’une propriété avec vue sur la mer mais aussi sur le bosquet. Après tout, l’époque de la retraite lui permettait d’assister la nature avec virtuosité après avoir fait fleurir une petite famille dont chaque membre lui vouait, en retour, un amour à la mesure de tout ce qu’elle leur avait tous donné.
Les merises souriaient. Probablement pour accompagner son départ et aussi pour soulager la tristesse qui accablait ceux qui s’étaient réunis, ou qui aurait aimé pouvoir le faire, pour lui signifier leur attachement.
À la cérémonie un texte sensible fut prononcé par un proche pour lui rendre un dernier hommage :

«Pour toi maman…

“AI-DE-MOI!”
Le ton était ferme et autoritaire.
Il se voulait un ordre.
Celui d’une mère à son fils afin que celui-ci obtempère et lui fournisse un soutien essentiel.
Malgré tout mon amour pour elle, je ne pouvais lui porter assistance.
Que voulait-elle au juste sur ce lit d’hôpital où elle se trouvait il y a quelques jours à peine?
Seulement que je l’aide à se lever, à s’habiller et à retourner à la maison.
Car elle l’avait bien ancré dans la tête : elle allait quitter ce monde dans sa maison; son petit jésus allait l’exaucer et viendrait chercher la petite brebis tout en douceur.
Courageuse et surtout, déterminée.
Voilà à mon sens deux qualificatifs importants pour tenter de  présenter cette chère Raymonde.

Raymonde la jardinière

Raymonde la jardinière

Née et élevée dans un village gaspésien peu connu, Pointe-à-la-Frégate, elle était la «Petite princesse» de papa Patrick. Cela ne l’empêche pas de se marier, à seulement 17 ans. Une aventure commence. Raymonde, a du cran!
17 ans plus tard, son époux Marc-Aurèle est emporté par une crise de cœur.
34 ans, 4 enfants à nourrir, sans expérience professionnelle, Raymonde va relever un gros défi. Elle retrousse ses manches et fonce au travail pour assurer un vie décente à sa petite famille. Raymonde, a du caractère!
Les journées sont souvent très longues. Le boulot de jour et la seconde journée qui recommence à la maison. Il faut éduquer cette marmaille; le dernier n’a que trois ans. Par bonheur, elle a le soutien de la famille. Ses enfants participent, tout comme ses frères, Gabriel et Augustin, qui lui prodiguent soutien moral et coup de main concret. Sans oublier… Charles… Charles Aznavour, qu’elle écoute avec recueillement chaque soir…chaque nuit. Raymonde, a de l’énergie!
Les enfants grandissent, quittent le foyer un a un. Alors seulement, elle s’autorise à refaire sa vie. À la soixantaine, elle se retire et s’installe avec Laurent son nouveau compagnon. Ils se bâtissent un nouveau nid, à leur goût, face à la baie chérie. En arrière, le boisée, et le jardin auquel elle consacre tant de  temps. D’innombrables fleurs qui attirent tant les oiseaux qu’elle adore que les jardiniers amateurs des environs. Raymonde, a de la volonté!
Le temps passe et prélève peu a peu son dû. Ils approchent tous les deux de la quatrevingtaine. En 2010, Raymonde ne conduit plus sa voiture lorsque Laurent disparait suite à une rupture d’anévrisme. Loin du centre et des services, sans moyen de transport, que va-t-elle faire? La maison de repos n’est pas dans ses options. Elle va s’organiser avec les moyens disponibles. Raymonde, est tenace et opiniâtre!
Et c’est ainsi qu’elle poursuit son chemin jusqu’à ces jours derniers où l’usure de la vie a eu raisons d’une persévérance exemplaire.
“Raymonde! Ne regrette rien.
Tu l’a relevé le défi de rester chez toi jusqu’à la fin. Ce n’est pas ces quelques heures passées à la chambre 715 de l’Hôtel-Dieu qui y changent quelque chose.
Vraiment!”
Toutefois, ces quelques épithètes ne sauraient cerner cette femme extraordinaire. Ses autres qualités étaient nombreuses mais elle était aussi et surtout «amour». De cet amour qui déborde sur la famille et l’entourage. Ainsi, à chacune de nos rencontres, elle ne manquait pas de redire son bonheur de nous avoir près d’elle. Pour toi Raymonde, maman, c’est à nous maintenant de dire :
“Merci d’être là…dans nos pensées”. Et en son nom, à vous tous aussi : “Merci d’être là…vous pouvez pas savoir”.»

Raymonde Roy (ENDOS)Raymonde Roy (Signet)

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Des grandes dames, des mamans, des tantes, des sœurs, des cousines, partent ainsi chaque jour et ne sont pas toujours remerciée comme elles le mériterait. C’est pourquoi, profitant de cet article pour Raymonde, qui nous était chère au delà de l’imaginable, nous voudrions les saluer toutes.

 

 

 

 

 

 

 

 

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