Le vin nouveau
Il sera bientôt là, il arrive, il est arrivé. Les experts de la Société des Alcools en ont encore long à dire sur les qualités insoupçonnées du vin nouveau. Cela fait d’ailleurs plus de quarante ans qu’on souligne chaque année la fin des vendanges par la mise en vente de vin tout récemment produit. Il y en a quelques cinq mille caisses de disponibles cette année.
Comme des mages allant offrir des présents précieux… Ici le nouveau né est sans doute le roi lui-même, le vin primeur qui arrive à peine du vignoble et dont on se délectera en faisant des manières: «Hummm, année exceptionnelle!» «On n’a pas gouté ça depuis des années!». Photo prise de la maison Soumande, Place Royale à Québec, 1985
Au siècle passé, dans les années 1980 entre autres, il y avait vraiment un fort engouement pour l’arrivage du vin de l’année, fraichement récolté et fraichement pressé. On aurait frôlé les cinquante mille caisses certaines années. À ce moment, il n’était pas rare de voir, novembre venu, des cérémonies, des repas gastronomiques et même des parades pour souligner l’arrivée du vin de l’année. À l’époque, la société d’état avait sûrement un des plus bel endroit d’Amérique pour sa succursale de prestige : La maison des vins de Place Royale. Située coin rue Notre-Dame et rue de la Place, l’édifice donnait sur la Place elle-même, juste en face de la petite église Notre-Dame-des-Victoires. Ce qui caractérisait particulièrement ce lieu était sa cave en vieilles pierres du 17e siècle. L’éclairage y était tamisé et les étalages de bois frappait l’imaginaire du visiteur et l’amenait à se croire dans une cave de vignoble européen. Quel charme! Et quel dommage que tout cela soit histoire ancienne.
Dans ces années là, mon bureau se situait dans la maison Soumande, en face de la Maison des vins, de l’autre côté de la rue Notre-Dame. Je ne sais quel hasard, probablement des bruits particuliers, m’a amené à jeter un regard par la fenêtre alors que j’avais la caméra sous la main. C’est là que j’ai aperçu ces gens costumés qui paradaient, vin nouveau à la main sur la Place Royale.
NOTE : La maison Soumande doit son nom au premier propriétaire et occupant du site, Pierre Soumande. Originaire de France, celui-ci est taillandier, marchand et capitaine de navire. Il aurait acquis le lieu vers 1650. Plus d’information sur l’individu et sa famille en cliquant ici. Sur la façade nord de cette maison se trouve la très connue Fresque des Québécois.
