J’ai passé trente minutes dans le tube. Pas dans celui de Londres mais dans celui de Saint-Sacrement. L’hôpital, va sans dire. C’était ma première expérience du genre. On dit aussi tunnel de l’aimant. Pas le participe présent de aimer, ce qui me semblerait exagérément poétique, mais celui qui produit un champ magnétique (du grec magnês qui signifie «aimant»).
Le genre de champ magnétique assez puissant que, si vous portez un stimulateur cardiaque, celui-ci risque de s’emballer, voire de quasi vous sortir de la poitrine; ou encore, si vous avez des bouts de fer inclus par inadvertance dans un oeil, vous risquez la cécité alors que les bouts de métal pourraient s’activer dans votre jolie bille ou même la quitter pour se coller aux parois du tube. Donc, c’est pas un tube à mettre entre toutes les mains. Ben voyons donc!
Oui, j’ai été soumis à une IRM autrement dit à une imagerie de résonance magnétique. Parfois appelé scanner, à tord semble-t-il, la résonance magnétique porte bien son nom. Ça résonne en démon. Lorsque le technicien m’a tendu les deux petits cylindres jaunes, j’ai dû avoir l’air bien surpris, puisqu’il m’a aussitôt précisé que le bruit allait monter jusqu’au delà de 100 décibels dans la machine infernale. Je suppose que je n’avais pas l’air de tout comprendre puisqu’il m’a même proposé de m’aider à les installer. J’ai toutefois réussi à modeler moi-même les petits bouts de mousse jaunâtre. Ils étaient assez efficaces cependant, ses bouchons. J’ai dû ensuite en enlever un pour suivre le reste de ses instructions opérationnelles.
– Êtes-vous claustrophobe?
– Euh! Pas que je sache. Je n’ai pas encore rencontré ce problème.
– On suggère de fermer les yeux, ça peut aider si vous êtes claustrophobe.
Parce qu’il semble que le tube en ait surpris plusieurs sur ce plan.
Une de mes amies me disait justement qu’on avait dû la ressortir du tube pour lui faire une injection de tranquillisant afin de pouvoir lui faire l’examen. Elle ne pouvait tout simplement pas supporter d’être si coincée dans le boyau métallique.
On nous donne même une poire de caoutchouc liée à un tube qui permet de signaler son désespoir en pressant fermement la poire.
Pour ma part, j’ai apprécié que le technicien me demande comment ça allait après une première slave sonore.
Tout allait bien pour moi. J’étais en confiance et mon idée était de voir s’il n’y avait pas moyen d’améliorer l’expérience que j’étais en train de vivre.
C’est vrai que le bruit était assourdissant. Même avec les bouchons de mousse. Quel vacarme!
POM_POM_POM_POM_POM_POM_POM_POM_POM_POM_POM_POM_POM_POM
TCHAC_TCHAC_TCHAC_TCHAC_TCHAC_TCHAC_TCHAC_TCHAC_TCHAC_TCHAC_
POM_TCHAC_POM_TCHAC_POM_TCHAC_TCHAC_POM_TCHAC_POM_TCHAC_TCHAC
TUPU_TUPU_TUPU_TUPU__TUPU_TUPU_TUPU__TUPU_TUPU_TUPU__TUPU_TUPU_
TCHAC_TCHAC_TCHAC_TCHAC_TCHAC_TUPU_TUPU_TUPU__TUPU_POM_POM_POM
Pendant 2 minutes; à 100db; un silence de quelques secondes puis ça recommence sur une autre séquence, d’autres types bruits, pour 3 minutes; puis 10 secondes de paix; puis on remet ça pour 5 minutes. PIOUF!
Il y avait quand même un semblant de rythme.
Je me suis dit que cela devrait pouvoir s’incorporer à une pièce musicale, pour peu qu’on laisse une âme musicienne entourer le tout d’une enveloppe plus agréable et d’une sonorité plus réconfortante.
Quoi d’autre? J’ai ouvert les yeux. Est-ce si pire? Non. Mais il n’y a rien à voir ici. Que la drabe paroi d’un jaune-vert pâlot à 10 ou 12 cm devant son nez. Ne pourrait-on pas installer un petit écran comme dans l’avion, avec au moins les dernières nouvelles de Radio-Canada? Par les temps qui courent, la chaîne nationale s’en donnerait à coeur joie et nous parlerait ad nauseam du dernier conclave! Technologie aidant, on pourrait même penser programmer l’émission ou la série visuelle qu’on aimerait voir durant l’intervalle. Au moins, s’il y avait une horloge qui égrenait les secondes qui restent. On saurait alors combien de temps encore il faut endurer le pensum.
Remarquez que cela n’a pas été si difficile pour moi. Je l’ai joué relax si on peut dire. Je me suis détendu et j’ai tenté de faire une musique avec le boucan qui m’arrivait, semble-t-il, surtout du côté gauche de la tête. Je dirais même que je me suis presque assoupi. J’espère que ça ne sera pas vu sur les images.
Puis, soudain, tout s’arrête un peu plus longtemps qu’à l’habitude. La glissière sur laquelle on repose (ou fatigue selon le cas), et qui a bougé un peu de ci de là en fonction des besoins de la machine, se met à se rétracter vers l’extérieur et on sort du tube.
– Moyen vacarme là-dedans!
– Oui c’est pas mal fort.
– Est-ce que le bruit vient presque toujours du côté gauche comme cette fois-ci?
– Non… ça vient pas vraiment d’un endroit en particulier…c’est diffus…
– Est-ce que ce sont toujours les mêmes séquences de bruits qui reviennent, peu importe la partie que l’on explore avec la machine?
– Non; cela change à toutes les fois.
– Est-ce qu’il existe des enregistrements de ces bruits et des séquences de bruit? Est-ce qu’on peut les acheter, ces tounes? On pourrait mettre ça dans des pièces musicales plus complètes et tenter d’améliorer l’expérience de la résonance magnétique.
– Non, il n’y en a pas. Mais c’est comme de la musique qu’on entend dans un Rave.
Some party!
Pour ceux qui vont vivre cette expérience pour la première fois, voici un lien vers une courte vidéo expliquant les mécanismes de la résonance magnétique.
Un autre lien de You Tube sur le fonctionnement de l’IRM.