La lecture et le Beaujolais
À l’automne de 1989, profitant d’un répit d’une semaine en France, au départ de Paris et au volant d’une voiture de location, le cap est rapidement fixé au sud. L’hiver n’allait pas tarder, de retour au pays, et il semblait normal de tenter de faire provision d’un maximum de température douce.
Photo prise dans la région bourguignonne il y a près de 30 ans, l’information précise concernant ce village de cette photo n’est pas disponible. Serait-ce Quincié en Beaujolais? Que ceux qui savent se manifestent.
Autre objectif important, atteindre la Côte d’Azur pour se planter les pieds dans la Mer Méditerranée, comme dans une démarche initiatique, pour enfin réaliser un rêve profondément enfoui, comme un archétype qui remonte des profondeurs du moi. Ou n’était-ce qu’un rêve construit au fil des nombreuses lectures célébrant la grande mer intercontinentale si souvent chantée dans la littérature? Qui sait?
D’autre part, je ne pouvais passer ailleurs que dans la célèbre région de Bourgogne et particulièrement dans le Beaujolais. Sauf que cette fois, je sais ce qui m’y conduit. Le vin, bien sûr, mais pas juste le vin comme breuvage ou nectar divin. En fait, c’est plutôt une construction mentale qui s’est développée à la lecture de très (trop) nombreuses aventures du célèbre commissaire San-Antonio (voir note de la fin). Donc, le commissaire San-Antonio a comme adjoint un être pittoresque et plus grand que nature dénommé Bérurier dont le langage truculent force d’irrésistibles sourires. Et surtout, le Bérurier ne manque pas un occasion d’écluser une boutanche de beaujolpif. Le fil des aventures de ces larrons a développé ce goût quasi incontrôlable de connaitre le pays où poussent ces vignes magiques! Quel pays agréable, longé par la Saône, vallonnée tout en douceur et offrant des villages typiques et des paysages champêtres où la vigne est omniprésente.
Comme quoi la lecture de romans apporte parfois au lecteur des richesses qui dépassent de beaucoup le simple cadre de l’histoire narrée.
Note : San-Antonio est d’abord un des pseudonymes de l’auteur français Frédéric Dard mais c’est aussi et surtout un de ses personnages principaux dont il a raconté les aventures (175 romans en tout parait-il) sous ce pseudonyme. Frédéric Dard joue adroitement avec le langage mais certains lecteurs lui reprochent d’abuser de l’argot français et des formules argotiques dont, je l’admets, on risque de devoir faire un certain apprentissage avant d’apprécier pleinement l’univers de ses héros. N’empêche qu’en 1964 L’histoire de France vue par San-Antonio se serait vendu à 350 000 exemplaires en France seulement. Je l’ai bouquiné y a bien des piges pis j’ai kiffé pour ces histoires. Vachement bien!
